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Après la bataille

Vendredi 16 novembre à 20h. Cinéma Victor Hugo. Réalisé par Yousry Nasrallah • France/Égypte, 2012, 122 min • Avec Mena Shalaby, Bassem Samra, Nahed El Sebaï.

Après la Bataille

Mahmoud est l’un des « cavaliers de la place Tahrir » qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, chargent les jeunes révolutionnaires. Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied… C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de Reem, une jeune Égyptienne divorcée, moderne, laïque, qui travaille dans la publicité. Reem est militante révolutionnaire et vit dans les beaux quartiers. Leur rencontre transformera le cours de leurs vies…

À la manière de nombreux films militants, notamment ceux réalisés par Jean-Luc Godard à la suite de mai 68, Après la bataille est une fiction qui s'inspire de la réalité et du contact avec la population : « Nous avons travaillé sous l’influence des événements réels, en réagissant à ce qui se passait, mais aussi en faisant naître des situations, en mettant en place des ateliers de discussion entre l’équipe du film et les habitants de Nazlet El-Samman », explique le réalisateur. Cependant, désireux de ne pas faire de son film un documentaire, Yousry Nasrallah ajoute : « C’est une fiction, je le revendique (…) seule la fiction permet d’y voir un peu clair, de comprendre quelque chose. Elle oblige à réfléchir, et à aller dans la complexité des personnages, au-delà de ce que chacun déclame. »

Le cinéaste ne cache pas ses références, s'inspirant notamment des films de Roberto Rossellini : « La référence, pour moi, ce sont les premiers films de Rossellini, sa manière de raconter des faits historiques au présent, grâce à la fiction ». Ce qui intéresse le cinéaste égyptien dans les films de Rossellini, c'est le mélange entre l'Histoire et l'histoire : « Rome Ville Ouverte, Paisà, Allemagne Année Zéro, savent penser la dimension de la grande Histoire et la dimension personnelle en même temps, dans le temps même de l’événement, grâce à la fiction ». Yousry Nasrallah a donc cherché à être le plus proche des évènements de son pays : « Moi, ce qui m’avait bouleversé dans notre révolution, c’était ce slogan : "pain, liberté, dignité", qu’on a entendu chaque jour. »

Comment réussir à filmer une révolution en cours ? Yousry Nasrallah est allé chercher certains de ses plans au cœur même des manifestations égyptiennes. Le dispositif de cinéma classique, c'est-à-dire le tournage avec de grosses caméras en 35 mm, n'était donc pas adéquat : « Un tel film aurait été impossible en 35 mm, sinon je l’aurais fait. Les manifestations ont été tournées avec un Canon 5D. Et il y a aussi des plans avec une toute petite caméra. »

C'est un court métrage qui a donné naissance au film Après la bataille : Intérieur/Extérieur a été réalisé par Yousry Nasrallah dans le cadre du film collectif 18 jours. Ce film avait pour but de permettre à 10 cinéastes égyptiens d'exprimer leurs points de vue sur les évènements se déroulant dans leur pays. Quelques mois plus tard, Yousry Nasrallah poursuivait cette étude de la révolution égyptienne, mais cette fois, à travers un long-métrage.

En 20 ans de carrière, Yousry Nasrallah a présenté tous ses films dans les plus grands festivals de cinéma du monde, que ce soit à Locarno ou à Toronto, à Venise ou à Berlin, en passant bien sûr par le Festival de Cannes, où Après la bataille était en sélection officielle en 2012.

Le cinéaste et l'acteur qui interprète le premier rôle masculin du film se connaissent et travaillent ensemble depuis de nombreuses années : « J’ai rencontré Bassem Samra sur Le Caire raconté par Youssef Chahine, en 1991, il a joué depuis dans plusieurs de mes films, notamment À propos des garçons, des filles et du voile et La Ville où il tient le rôle principal. »

Yousry Nasrallah (يسرى نصر الله)

Yousry Nasrallah

Yousry Nasrallah (يسرى نصر الله), (né en 1952 au Caire) est un réalisateur égyptien. Il fut étudiant de l’Institut du Cinéma du Caire. Il débuta comme assistant de Youssef Chahine et est le co-scénariste de Adieu Bonaparte (1984) et Alexandrie encore et toujours(1990).

Il réalise son premier long métrage, Vol d'été, primé dans de nombreux festivals et présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1987. Il est l’auteur d’un documentaire émouvant sur la jeunesse égyptienne intitulé À propos des garçons, des filles et du voile (1995). Son film La Ville (المدينة, Al Medina), tourné en 1999, obtient l'année suivante le Prix du public lors du 10ème Festival du cinéma africain de Milan.

Lors de la révolution égyptienne de 2011, il filme avec une caméra Sony DSC-TX7 en AVCHD les manifestants sur la place Tahrir le jour, puis protège ses voisins avec le comité révolutionnaire de quartier la nuit. À la suite de la révolution, il accepte de faire partie du CNC égyptien, et de donner des cours à l'Institut du Cinéma ; dans les deux cas, « tout est à faire».

Filmographie :

  • 1988 : Vol d'été (Sarikat Sayfeya)
  • 1993 : Marcides
  • 1995 : À propos des garçons, des filles et du voile (Sobyan wa banat)
  • 1999 : La Ville (المدينة, Al Medina)
  • 2004 : La Porte du soleil (باب الشمس, Bab el Shams)
  • 2007 : L'Aquarium (جنينة الأسماك, Geneinet el Asmak)
  • 2010 : Femmes du Caire (إحكي يا شهرزاد, Ehky ya Shehrazade)
  • 2010 : 18 jours
  • 2012 : Après la bataille
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