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50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie

Comment rendre compte des événements, de la complexité des hommes et des femmes de cette époque en étant humble devant l’histoire et respectueux des changements ? Avec l’appui de nos amis du magrheb des films nous proposons quatre films qui nous semblent donner des clés de lecture et de compréhension. Les soldats français engagés avec Avoir 20 ans dans les Aurès en copie restaurée, le conflit de la casbah avec La Bataille d'Alger, un regard extérieur avec Les Oliviers de la Justice et un regard algérien avec Le Charbonnier. Cette anniversaire permettra aussi de présenter à la soirée d’ouverture des images de l’époque, conservées par l’INA. La conférence de Wassila Tamzali est aussi dans le cadre de cet anniversaire.

La Bataille d’Alger

Samedi 10 novembre à 14h. Cinéma Victor Hugo. • Réalisé par Gilles Pontecorvo • Algérie/Italie, 1971, 90 min • Avec Brahim Haggiag, Jean Martin, Yâcef Saadi, Halima, Ugo Paletti.

La Bataille d’Alger

Octobre 1957, les parachutistes de l’armée française envahissent la Casbah d’Alger afin d’en déloger Ali La Pointe, l’un des dirigeants algérois du FLN. Alors que les soldats français progressent dans les rues de la Casbah confrontés à une guérilla urbaine bien entraînée, le leader indépendantiste se remémore son passé d’ancien délinquant devenu militant armé…

 

Présentation

Avant de réaliser La Bataille d’Alger en 1966, le cinéaste Gilles Pontecorvo avait déjà attiré l’attention sur lui avec deux films ambitieux : Un dénommé Squarcio, avec Yves Montand, et Kapo. Tous deux sont marqués par la volonté de faire des films populaires et didactiques, une orientation que confirma son quatrième film Queimada, avec Marlon Brando. Coécrit avec Franco Solinas, La Bataille d’Alger s’articule autour d’un épisode précis : le moment où, le 7 octobre 1957, les parachutistes français envahissent la Casbah d’Alger pour capturer Ali la Pointe, le responsable de la guerilla, dans la ville alors en état de siège. Pour Pontecorvo et Solinas le projet du film, qui s’intitulait alors Paras, datait de bien avant la fin de la guerre d’Algérie. Les deux hommes avaient même mené une enquête journalistique dans la Casbah, réputée alors comme dangereuse selon les journalistes européens. Mais pour mener à bien leur projet, ils durent attendre l’indépendance de l’Algérie. Les nouvelles autorités algériennes aidèrent alors le film en le subventionnant, allant même jusqu’à le superviser et contrôler son exécution.

De nationalité italo-algérienne, La Bataille d’Alger eut comme coproducteur, aux côtés des investisseurs italiens, la société Casbah Films dirigée alors par Yacef Saadi, soit l’ancien chef politique du FLN pour la ville d’Alger et dont les souvenirs avaient servi de base au scénario du film. Yacef joue d’ailleurs dans le film son propre rôle de dirigeant politique de premier plan. La Bataille d’Alger obtint, en 1966, le Lion d’Or au Festival de Venise. Mais ce n’est que quatre ans plus tard qu’il fut présenté à la Commission de censure française, laquelle lui accorda son visa d’exploitation. Sorti sur les écrans parisiens en octobre 1971, le film disparut toutefois très rapidement de l’affiche, pour des raisons strictement politiques. Certains en France lui reprochant son caractère partisan, son soutien à la cause algérienne et à la politique du FLN. Bien des années plus tard, en août 2003, le film fut projeté au Pentagone, en présence des officiers d’État-Major et de civils de l’administration Bush. Il s’agissait pour les autorités militaires américaines, alors confrontées à la guerre en Irak, d’évaluer la façon dont l’armée française s’était comportée dans des circonstances assez analogues. Autrement dit, comment être une armée d’occupation capable de se protéger contre l’éventuelle hostilité de la population locale. Tant et si bien que six mois plus tard, le film de Gilles Pontecorvo ressort sur les écrans américains, après avoir fait l’objet d’une avant-première publique en présence de Yacef Saadi. Il connaît alors un véritable succès public, près de quarante ans après sa sortie et des faits qu’il retrace.

Gillo Pontecorvo

Gillo Pontecorvo

Gillo Pontecorvo (1919 - 2006) est un cinéaste et réalisateur italien. D'origine juive italienne, chimiste de formation, il se tourne rapidement vers le journalisme et devient correspondant à Paris de plusieurs publications italiennes. En 1941, il rejoint le Parti communiste italien et participe à des activités anti-fascistes dans le nord de l'Italie. Après la répression soviétique de l'insurrection de Budapest en 1956, il rompt avec le PCI, tout en continuant à se réclamer du marxisme.

Il débute au cinéma après la Seconde Guerre mondiale comme assistant d'Yves Allégret et Mario Monicelli notamment. À partir de 1953, il réalise ses premiers essais documentaires (Giovanna, MM, 1956).

En 1956, il contribue à un épisode de La Rose des Vents (Die Windrose), supervisé par Alberto Cavalcanti. L'année suivante, il dirige son premier long-métrage, Un dénommé Squarcio (La grande strada azzurra, co-réalisé avec Maleno Malenatti, d'après un roman de Franco Salinas).

Puis il décrit l'univers concentrationnaire et s'impose, en 1960, avec Kapò, histoire d'une juive qui devient l'auxiliaire des nazis.

En 1966, il met en scène son film le plus important, La Bataille d'Alger (La Battaglia di Algeri), remarquable reconstitution d'un épisode fondamental de la guerre d'Algérie, qu'il sait recréer avec réalisme et objectivité l'action policière de l'armée française pendant la bataille d'Alger. Ce film est récompensé par le Lion d'Or du Festival de Venise, mais il demeure longtemps interdit en France et son exploitation provoque de nombreux remous.

En 1992, il a été nommé directeur du Festival de Venise.

Gillo Pontecorvo a été membre d'honneur du Club de Budapest.

Le Charbonnier (Al fahhâm)

Samedi 17 novembre à 14h. Cinéma Victor Hugo. • Réalisé par Mohamed Bouamari • Algérie, 1972, 97 min • Avec Fettouma Ousliha, Mustapha El Anka,Youcef Hadjam, Ahmed Hamoudi.

Le Charbonnier

Dans un douar de l’Algérie intérieure, un pauvre charbonnier, ancien maquisard de l’ALN, voit son activité menacée par l’apparition du gaz. Il lui faut désormais chercher du travail en ville... Durant son absence, son épouse est, de son côté, embauchée dans une usine proche. Lorsqu’il revient au village, sa vision se modifie progressivement : il participe à la réforme agraire initiée par les autorités politiques et encourage son épouse à ôter son voile…

Tanit d’argent aux Journées cinématographiques de Carthage en 1972 et Prix Georges Sadoul à la Semaine Internationale de la Critique du Festival de Cannes 1973

 

Mohamed Bouamari

Mohamed Bouamari

Mohamed Bouamari est un acteur et réalisateur algérien né à Guedjel, près de Sétif, le 20 janvier 1941 et décédé le 1er décembre 2006 à Alger.

Mohamed Bouamari a passé une partie de son enfance et son adolescence à Lyon. Il s'est formé en autodidacte en fréquentant les plateaux de télévision.

Il regagne sa patrie en 1965 et travaille comme assistant pour l'O.N.C.I.C., au moment de sa création en 1967. Il collabore, en outre, à de premiers grands projets cinématographiques de l'Algérie indépendante, tels Le Vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina (1967) ou La Bataille d'Alger de Gillo Pontecorvo (1965), mais aussi à des coproductions tournées en Algérie : Z de Costa Gavras (1969) et Remparts d'argile de Jean-Louis Bertucelli (1970).

Après avoir réalisé de significatifs courts-métrages, il met en scène un premier long-métrage très remarqué par la critique, Le Charbonnier (1972). Les longs-métrages suivants, L'Héritage (1974) et Premier pas (1979), confirment, comme chez son compatriote Mohammed Chouikh, une sensibilité et une attention particulières aux questions de l'émancipation féminine dans un pays aux solides traditions patriarcales. Sa propre épouse, Fettouma Ousliha, incarne l'héroïne de ses films. Bouamari est décédé d'une crise cardiaque, en 2006, alors qu'il tentait d'achever son film de fiction Le Mouton.

Les Oliviers de la Justice

Samedi 17 novembre à 16h. Cinéma Victor Hugo. • Réalisé par James Blue • France, 1962, 81 min, noir et blanc • Avec Pierre Prothon (Jean / le narrateur), Jean Pélégri (le père de Jean), Marie Decaître (la mère de Jean), Huguette Poggi (la cousine Louise), Said Achaibou.

Les Oliviers de la Justice

Un Français né en Algérie, qu’il a quittée depuis plusieurs années pour s’établir en France, revient sur sa terre natale, appelé au chevet de son père malade. C’est l’occasion pour lui de faire revivre les souvenirs de son enfance, passée tout entière en Algérie aujourd’hui en guerre.

Critique

Tourné aux tous derniers mois de la guerre d’Algérie, dans les plaines de la Mitidja et les rues d’Alger, avec des acteurs non professionnels pour la plupart, ce film témoigne à sa manière de la fin de l’Algérie coloniale.

« En ces temps de colère et de haine, et sans rien céder de ce qui est en train de se passer, James Blue accomplit le prodige d'une déshystérisation des perceptions et des relations. (...) Saturé par les réalités du drame algérien, Les Oliviers de la justice, grâce à sa tenue, en devient à la fois le plus beau témoignage dont ait été capable le cinéma, et dépasse cet état pour se redéfinir comme tragédie. » Jean-Michel Frodon

James Blue

Réalisateur et scénariste américain, James Blue est né en 1930, à Tulsa (Oklahoma), et mort en 1980, à Buffalo (état de New-York).

Formé à l'Idhec, il réalise son premier film Les Oliviers de la justice en 1962. Ce film sera considéré comme l'un des plus justes sur la guerre d'Algérie. Le reste de sa filmographie mêle fictions et documentaires. Il fut nommé pour l'Oscar du meilleur film documentaire en 1969.

Il vécu à Alger où on l'appelait « L'Américain de Bab-El-Oued. »

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